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Lyon Tattoo Convention 2026

bio de Jerry créateur de la Lyon Tattoo Convention

Publiée le lundi 07 juillet 2025 à 03h29

Parce que certains se sont permis de raconter ma vie à ma place,

il est temps que je mette les choses au clair.

Je m'appelle Jerry Garcia, et je suis le créateur de la Lyon Tattoo Convention, fondée en 1996. Je suis né à Lyon, dans le 3ᵉ arrondissement, de père inconnu. J’ai été adopté par celui qui est devenu mon père, au sein d’une famille de cinq enfants, marquée par des racines espagnoles profondes. Mon père et mes grands-parents étaient des réfugiés de l’Espagne franquiste, comme beaucoup d'autres à cette époque, contraints à l'exil.

Ils ont eu cinq enfants, et nous avons grandi dans une certaine forme de précarité, mais aussi dans une grande solidarité familiale. Nous vivions à huit dans deux pièces, avec des WC communs partagés avec les voisins.

C'était dans le quartier espagnol de Villeurbanne, tout près de la rue Olivier de Serres. Un quartier aujourd’hui disparu, mais gravé à jamais dans ma mémoire.
? Destruction du quartier Olivier de Serres à Villeurbanne (INA)

Malgré la pauvreté, il n’y avait pas de conflit entre les communautés. Nous étions tous dans la même galère, logés à la même enseigne, qu’on vienne d’Espagne, du Maghreb ou d’ailleurs. Il y avait du respect, du partage, de l’entraide, parce que chacun savait ce que l’autre vivait.

Mais ne comptez pas sur moi pour vous dire que le gouvernement français nous a tendu la main. Ce serait mentir. Ils ne nous ont fait aucun cadeau. On s’est débrouillés seuls, entre nous. Et c’est sans doute ça qui a forgé en moi un certain esprit d’indépendance et de rébellion.

Les débuts du travail l’école de la débrouille

À 14 ans, pendant que d'autres dormaient ou traînaient, je me levais à 5h du matin pour faire les marchés. J’aidais mon voisin épicier, un Juif pied-noir, un bonhomme droit, toujours juste dans ses comptes.

Pour l’anecdote, ses deux sœurs étaient magnifiques et ça, à cet âge-là, ça marque.

Je bossais avec lui jusqu’à 13h, pour 1 ou 2 francs la matinée. À l’époque, c’était une petite fortune pour un gamin comme moi les bonbons coûtaient 1 centime pièce, et moi, j’en rêvais toute la semaine.

Mais je ne me suis pas arrêté là. J’avais déjà le goût de l’effort et l’envie de gagner ma liberté. Alors, quand une occasion s’est présentée, je l’ai prise même si je me suis un peu fait avoir.

Un gars du quartier, un Maghrébin, m’a vendu un vieux vélo pour 20 francs. Un bon vélo de galère, mais il roulait. Je l’ai utilisé pour faire des allers-retours jusqu’à Meyzieu, où je déchargeais à la main des semi-remorques pleines de porcelaine.

C’était physique, brutal, mais je ne me plaignais pas.

Déjà à cet âge-là, je comprenais deux choses :

  1. Le travail ne fait pas peur.

  2. La rue t’apprend plus vite que l’école.

Entre galères et éveil artistique

Ma jeunesse, c’était surtout le béton, les petits boulots et les systèmes D. J’ai vite compris que rien ne tomberait du ciel. Pas de piston, pas de coussin de sécurité, pas de belles promesses qu’on tiendrait à ma place. Si je voulais quelque chose, il fallait que j’aille le chercher.

Mais petit à petit, un autre feu a commencé à brûler en moi. Un feu plus créatif, plus intérieur. Je ne le savais pas encore, mais l’art, l’esthétique, l’expression personnelle, tout ça commençait à me travailler. Dans les quartiers, les murs parlaient. Il y avait du graffiti, des looks qui claquaient, de la musique dans les halls, du rythme dans les gestes, même dans la manière de rouler une clope ou de marcher. Sans le savoir, je m’imprégnais d’un monde visuel, d’un langage de rue qui allait, plus 

tard, devenir une forme d’art à part entière.

Entre deux boulots, je traînais avec des gars plus âgés, des mecs un peu fous, un peu artistes, des tatoués parfois. C’était encore mal vu à l’époque les tatoués, c’était des taulards ou des marginaux. Et ça m’attirait. Pas parce que je voulais faire comme eux, mais parce que je reconnaissais chez eux la même rage de vivre, la même envie de dire : "Je suis là, et je fais ce que je veux de mon corps."

j’avais déjà l’état d’esprit : d'observer, écouter, comprendre l’autre, et surtout refuser les cases.

Ma première piqûre la découverte du tatouage

Je ne suis pas tombé dans le tatouage par hasard, mais je n’ai pas non plus suivi un chemin tracé.  À l’époque, le tatouage, c’était underground fermé. brut. interdit, parfois.

Je me souviens du premier tatouage que j’ai vu de près : c’était sur un gars du quartier, un ancien qui portait un aigle mal fait sur le torse, à moitié effacé, piqué en taule avec une aiguille chauffée au briquet.

Ça m’avait marqué. Pas tant pour le dessin il était moche, faut le dire mais pour ce que ça représentait une trace, une mémoire, une douleur transformée en fierté.

À ce moment-là, j’ai commencé à regarder différemment les peaux marquées.

Chaque tatouage était une histoire silencieuse. Et moi, qui avais grandi sans trop parler de mes blessures, j’y ai vu un langage qui me parlait.

Le vrai déclic j’ai compris que le tatouage pouvait être un art, pas juste un signe de rébellion.

Il pouvait être beau, profond, intime, tout en restant libre.

Alors j’ai commencé à gratter des infos, souvent à l’ancienne bouche à oreille, magazines,sept conventions a cette époque en France , parfois même avec des tatoueurs à l’autre bout du monde.
Donner une scène à notre monde La naissance de la Lyon Tattoo Convention.

Quand j’ai commencé les conventions, c’était encore mal vu. Les salons étaient rares, les conventions presque inexistantes en France (7). Le tatouage, à l’époque, vivait dans les marges  il venait de la rue, des ports, des prisons, des milieux alternatifs. C’était un langage codé, réservé à ceux qui osaient.

Mais moi, j’ai toujours eu le goût de rassembler, de créer des espaces où les gens peuvent exister pleinement, sans masque. En 1996, je décide de franchir un cap avec des amis organiser à Lyon la première véritable convention de tatouage.

Un pari fou pour beaucoup. Qui allait venir ? Les autorités allaient-elles nous laisser faire ? Comment faire cohabiter autant de styles, d’univers, de caractères ?

J’ai tout fait avec les moyens du bord, avec des potes, des artistes, des passionnés, à l’huile de coude. Pas de sponsor, pas de subventions. Juste l’envie de créer un lieu où le tatouage serait reconnu pour ce qu’il est vraiment : un art vivant, populaire, sincère.

La Lyon Tattoo Convention est née de cette énergie-là. Et année après année, elle a grandi de 13 artistes en 1996 jusqu'a 300 artistes en 2017. Des tatoueurs du monde entier ont commencé à venir, curieux de ce coin de France où ça bougeait fort. Des publics très différents sont passés : des bikers, des artistes, des familles, des jeunes, des anciens, des curieux.

Tous rassemblés autour de l’encre, du dessin et de la peau.

J’ai vu passer des légendes du métier, des débutants pleins de feu, des gamins repartir avec des étoiles dans les yeux, rêvant à leur premier tattoo.

J’ai vu la profession se structurer, évoluer, se faire respecter.

Et j’en suis fier.

Pas pour l’ego. Mais parce que j’ai participé à redonner au tatouage une place légitime dans la culture, là où beaucoup ne voyaient qu’une mode ou une provocation.

Du tabou à la reconnaissance l’évolution d’un art et d’un public

Quand j’ai commencé dans ce milieu, le tatouage était un marqueur social. Il signifiait quelque chose de fort : rébellion, marginalité, douleur, appartenance. Ce n’était pas anodin de se faire tatouer. C’était un acte engagé, souvent jugé, parfois même caché. Il y avait des portes qui se fermaient à cause d’un dessin sur la peau.

Et puis, doucement, les mentalités ont changé.

Ce changement, je l’ai vu de mes propres yeux, année après année, à travers la Lyon Tattoo Convention. Les premiers visiteurs étaient surtout des initiés : tatoueurs, bikers, artistes underground, anciens militaires, punks, métalleux

Des gens qui connaissaient le milieu ou en faisaient partie. C’était une grande famille, parfois brute, mais soudée.

Puis sont arrivés les curieux, les familles, les étudiants, les cadres, les mères de famille, les grands-parents. Des gens qui n’auraient jamais mis les pieds dans un salon de tatouage quelques années plus tôt.

Et là, j’ai compris qu’on avait gagné un combat culturel : le tatouage n’était plus un tabou, c’était devenu un art reconnu, parfois même admiré.

Mais attention, l’essence du tatouage n’a pas changé. Ce n’est pas parce qu’il est plus visible qu’il est devenu superficiel. Pour beaucoup, se faire tatouer reste un acte intime, une thérapie, une prise de pouvoir sur son corps. Et c’est pour ça que la Convention a toujours gardé son âme : un espace de respect, de création, et de vérité.

La face cachée du succès conflits, jalousies et tensions

Quand j’ai mis les pieds dans le monde des conventions de tatouage, je ne m’attendais pas à ce que ce soit facile mais je n’étais pas préparé à tout ce que ça allait réveiller chez les autres.

Parce que quand tu fais quelque chose de nouveau, que tu bouges les lignes, ça dérange. Les jalousies arrivent vite. Certains pensent que tu leur voles la lumière, d’autres que tu n’as pas "les codes", ou que tu vas salir leur business.

J’ai vu des conflits exploser pour des conneries, des rumeurs circuler, des gens que j’avais aidés retourner leur veste.

Pas besoin d’être dans un film pour voir les coups bas.

Mais il n’y a pas que la jalousie. Il y a aussi les obsessions, les compulsions d’égo, les phobies de perdre le contrôle. Organiser une convention, c’est aussi naviguer entre des artistes ultrasensibles, des personnalités puissantes, des egos parfois fragiles, parfois surdimensionnés.

Et moi, là-dedans, j’ai dû apprendre à rester droit, calme, solide.

Comment passer ce cap ?

D’abord, en acceptant que tu ne plairas jamais à tout le monde. Tu peux faire un taf irréprochable, tu auras toujours quelqu’un pour critiquer, jalouser ou minimiser. Alors j’ai arrêté de vouloir plaire à tout le monde.

Je fais les choses avec sincérité, avec respect du métier, avec amour pour les artistes. Le reste, je laisse couler.

Ensuite, j’ai appris à poser des limites claires. Pas de place pour le manque de respect. Pas de temps à perdre avec les parasites. J’ai gardé autour de moi des gens vrais, pas forcément parfaits, mais solides, loyaux, passionnés.

Et surtout, j’ai compris que ce genre d’épreuves te forge. Elles t’apprennent à affirmer ta vision, à faire le tri, à rester debout quand tout le monde doute.

Aujourd’hui, avec le recul, je peux dire que ces tensions ont été une épreuve, mais aussi une étape nécessaire. Parce que si tu veux faire bouger un milieu, faut être prêt à encaisser.

Et moi, j’étais prêt enfin presque.

Une scène, un clash, une leçon

Je me souviens d’une édition je tairai l’année et les noms, pas pour ménager les égos, mais parce que ce que je veux raconter, c’est pas une vengeance, c’est une leçon.

Tout était prêt. La salle, les stands, les artistes, le public... Il y avait une énergie incroyable cette année-là, presque électrique. On sentait que la convention montait d’un cran, qu’on passait dans une autre dimension. Et comme souvent dans ces moments-là, ça attire les tensions.

Un groupe de tatoueurs connus des anciens du milieu, respectés mais un peu rigides dans leur vision des choses sont venus avec la volonté de prendre le dessus, imposer leurs règles, critiquer la programmation, juger les nouveaux venus. Pour eux, la convention devait leur ressembler, ou ne pas exister.

Ils ont tenté de bloquer l’événement de l’intérieur, menaçant de se retirer, de faire mauvaise presse, de rameuter d'autres contre moi. Un pur rapport de force, comme on en connaît dans les milieux artistiques, où les egos sont parfois plus lourds que les machines à tatouer.

Et là, j’ai dû faire un choix. Soit je cédais, et je laissais la convention devenir un terrain de pouvoir. Soit je tenais le cap, quitte à perdre des têtes d’affiche.

J’ai choisi la fidélité à ma vision. J’ai réuni mon équipe, et j’ai mis les choses au clair devant tout le monde. Pas dans l’agressivité, pas dans l’orgueil. Juste en disant la vérité "Cette convention, elle est faite pour tous pas pour une élite pas pour une clique. Si vous êtes là pour partager, vous êtes les bienvenus. Si vous êtes là pour écraser les autres, vous pouvez faire demi-tour."

Beaucoup m’ont applaudi.

D’autres m’ont tourné le dos.
Mais
ce jour-là, j’ai gagné plus que leur respect , j’ai gardé mon intégrité.

Et c’est ça, la plus grande victoire dans ce métier , ne pas se trahir, même quand ça secoue.

 

Ce que la Convention représente pour moi aujourd’hui

Aujourd’hui, quand je regarde la Lyon Tattoo Convention, je vois bien plus qu’un événement. Je vois des vies qui se croisent, des vocations qui naissent, des amitiés qui durent depuis 28 ans.

Je vois des gens qui viennent non seulement pour se faire tatouer, mais pour partager une culture, une passion, une façon d’être au monde.

Pour moi, c’est une forme d’héritage vivant. Ce que j’ai bâti avec cette convention, c’est un refuge pour les artistes, un tremplin pour les jeunes talents, une vitrine pour les traditions comme pour les innovations.

C’est aussi ma manière à moi de rendre quelque chose à ce milieu qui m’a construit, d’ouvrir des portes que j’ai moi-même dû forcer.

Et tant que l’encre coulera, tant que les gens auront besoin de dire qui ils sont à travers leur peau, je serai là.

 

Ce que je retiens aujourd’hui humainement et artistiquement

Quand je regarde en arrière, je ne vois pas qu’un parcours professionnel. Je vois une vie d’engagement, de combats, de rencontres,de divorce , de menaces , de racket , d’erreurs parfois, de moments de grâce aussi.

Ce que j’ai construit avec la Lyon Tattoo Convention, ce n’est pas qu’un événement :
c’est une œuvre collective, un miroir du monde du tatouage tel que je l’ai toujours rêvé  libre, créatif, ouvert et respectueux.

Mais plus que tout, ce sont les visages que je retiens. Les regards pleins d’émotion après un premier 

Les regards pleins d’émotion après un premier tatouage. Les artistes timides devenus des pointures internationales. Les gamins devenus tatoueurs. Les familles venues juste par curiosité et reparties avec une autre vision de ce qu’est un "tatoué".
Tout ça, c’est mon carburant.

Artistiquement, j’ai appris une chose essentielle le tatouage n’a pas de frontières.
Il traverse les styles, les générations, les pays, les histoires de chacun. Il peut être brutal ou subtil, traditionnel ou expérimental, mais il a toujours un point commun il touche l’âme à travers la peau.

J’ai vu des artistes créer de véritables chefs-d’œuvre sur des épidermes vivants. J’ai vu des cultures du monde entier dialoguer à travers l’encre, du Japon traditionnel à la Old School américaine, en passant par le réalisme, le dotwork, l’ornemental, le tribal.
Et j’ai compris que le tatouage, quand il est sincère, dépasse l’esthétique. Il devient un acte, une trace, un lien.

Humainement, j’ai appris à encaisser… mais surtout à aimer.

À aimer les différences, les caractères forts, les gens paumés comme les plus brillants. J’ai appris que rien de solide ne se construit sans tensions, sans prise de risque, sans douleur parfois.
Mais j’ai aussi appris que rien ne vaut le respect.
Le respect de l’autre, de son parcours, de sa peau, de son art.

Et aujourd’hui, ce que je ressens le plus profondément, c’est de la gratitude.
Gratitude envers tous ceux qui ont marché avec moi, même brièvement. Gratitude envers les tatoueurs, les visiteurs, les bénévoles, les galériens de l’ombre.
Gratitude aussi envers le gamin que j’étais, celui qui bossait sur les marchés à 5h du matin, sans savoir qu’un jour, il donnerait une scène à des milliers d’artistes venus du monde entier.

Je n’ai pas cherché la gloire.
J’ai juste voulu offrir un espace de liberté et de beauté.

Et si j’ai réussi, même un peu, alors je peux dire : mission accomplie.



 

 

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